« Transposer les sens signifie pour nous : tenter de saisir la nature ontologique de celui-ci et de transmette les éléments qui autorisent une tierce personne à les décoder ». Université Laval

Capter des éléments extérieurs sensoriels, du son, des vibrations, des sensations corporelles en réponse à un son, nécessitent de répondre à une problématique : cela a t il du sens pour l’être humain qui reçoit le son au travers de ses sens ?

Au niveau de la sensorialité, l’expérience du chant est une des nombreuses manières de modéliser la voix, le son, le sens vibratoire. L’expression de la voix par le chant est une expérience tout à fait personnelle, subjective, modélisant les sentiments et émotions de la personne qui produit les sons chantés.

L’expérience du chant est étroitement liée à la respiration, notamment à la plus profonde de notre respiration, celle du bébé, automatique, naturelle, abdominale. Bien au delà d’une seule expérience sonore, le chant est une présence corporelle, qui fait appel à l’expression de notre totalité corporelle et vibratoire.

Le langage, par l’outil « chant », se vit dans l’interaction entre la personne qui produit un son, avec sa voix, ou avec son corps et celle qui reçoit le son (la personne qui reçoit le son peut être la personne qui chante, par un entrainement à l’écoute).

L’harmonie et les vibrations de ce son interpellent la personne qui le reçoit dans son empathie, comme autant de messages émotionnels véhiculés. Il existe entre le chanteur et le récepteur un lien, une connexion, qui passe bien sur par les sens, plus particulièrement les sens de la vue et de l’ouïe.

Pour les personnes mal entendantes et/ou non voyantes, les capacités à percevoir la voix chantée existent bel et bien aussi, notamment par les vibrations sonores véhiculées dans l’air, le sens du toucher, l’équilibre du corps, l’odorat. Je dirais même que, fermer les yeux, se privant volontairement ainsi d’un sens, dans l’écoute d’un chant qui déclenche une émotion, est une attitude fréquente chez l’être humain. C’est cette démarche de concentration, d’orientation, d’accentuation d’un autre sens, celui de l’ouïe la plupart du temps, mais aussi celui du corps en vibration, que l’être humain se concentre pour ressentir encore plus fortement ou précisément la réception du son et sa propre perception.

Un chanteur, sur une scène, est, à mon sens, en véritable contact physique avec les personnes qui l’écoutent, par l’énergie qu’il véhicule, et celle qu’il reçoit du public.

Ce phénomène passe par une sorte de sensation vibratoire au niveau de la peau, exacerbant le sens du toucher.

La voix, au départ, est une vibration intérieure. L’extériorisation de la voix véhiculée entre à l’intérieur des personnes qui écoutent. L’oreille ne capte qu’une partie des vibrations de la voix, certaines fréquences, certaines ondes. D’autres vibrations/ondes, qui ne sont pas captées par l’écoute, sont captées par la peau.

La voix humaine est l’expression de nos sens.

LA VOIX EMOTIONNELLE

La voix est participative du reflet de notre personnalité, elle reflète nos sentiments. Elle relève, par son intensité, ses vibrations, les émotions véhiculées, qui nous sommes et comment nous nous sentons.

« A l’écoute de la voix vous savez si un proche va bien ou pas car la voix ne peut tromper ». Georges Abitbol.

Le cerveau est en mesure de décider de la modification de la commande de la corde vocale, au niveau du souffle, de la vibration, de la résonance. Le cerveau peut faire varier l’intensité de la voix dans des proportions considérables depuis la voix murmurée presque inaudible, au cri, aux sons mêmes intolérables à l’oreille (de l’ordre de 110 décibels). C’est grâce à ces variations mélodiques que l’on peut exprimer toutes sortes d’états émotionnels.

Le langage est le reflet de la pensée et du raisonnement, la voix en est l’outil et le canal privilégié par lequel sont exprimées les émotions. Elle va permettre aux êtres humains de mieux se connaitre mutuellement.

La voix est un champ d’expérimentation à une plus fine connaissance de soi. J’existe par l’expérience de ma voix, j’existe au travers de ce que mon entourage écoute et reçoit de ma voix, donc de moi. La voix permet d’incarner la pensée, les émotions, de leur donner vie, d’être au monde.

La voix intérieure est tout aussi révélatrice d’une connaissance de soi. J’existe par l’expérience de ma sonorité intérieure, j’existe au travers de ce que je perçois, de ce que j’écoute et de ce que je reçois de ma voix interne la plus profonde.

Elle n’est pas seulement le révélateur de ce que l’on est mais constitue aussi un moyen de se construire.

« Le fait de parler est le signe de l’expression de soi car la voix fonctionne sur le régime de la singularité unique. Elle est l’articulation de l’individuel et du collectif : il y a d’un côté le son que l’on émet et qui nous est propre ; de l’autre, le langage que l’on acquiert auprès et grâce aux autres ». Catherine Dutheil Pessin

La voix est aussi un outil d’affirmation de soi. La personne en situation de langage a une intention. Elle pose des mots qui vont lui servir à entraîner une réaction, une adhésion, une écoute chez son interlocuteur.